mardi 3 février 2009

Isabel: le voleur (suite)

LE VOLEUR suite

Tandis que le voleur se pressait pour rentrer dans sa cachette en France, Madeleine Garcia, dite Lena, marquise de Montesquieux languissait, paresseuse, dans son grand lit en bois doré, garni d´un ciel de lit en broché couleur lavande assorti au couvre-lit qui était vraisemblablement tombé quelque part sur le sol couvert d´un épais tapis persan. A vrai dire, toute la chambre semblait avoir été envahi par une troupe de singes. Une telle pensée la fit sourire tandis qu´elle s´étirait pour détendre ses muscles. Le soleil filtrait entre les rideaux et elle était sûre que la femme de chambre était en train de se demander ce qu´elle devait faire avec le petit déjeuner, servir le plateau ou le retourner à la cuisine afin de le réchauffer.
- C´est ton devoir, petite sotte. Et après, tu verras comme c´est dur de remettre cette chmabre en ordre. Mais, c´est ton destin d´être femme de chambre, et d’ en avoir une, c´est un de mes privilèges comme marquise, et ça m´a coûté bien cher en temps, en argent mais aussi en dignité. C´est pour cela que je suis ici tout en haut et toi, tu es là tout en bas.
Faisant un effort, elle se recoucha entre les coussins en baptiste brodés et ornés de dentelles et pencha son bras nu pour prendre sa robe de chambre quand, soudain, elle se souvint qu´elle n´allait lui servir à rien puisque Jean Damien l´avait laissé en lambeaux après son passage.
-Mille démons de l´enfer. Une nuit digne de s´en souvenir toute la vie. Ça faisait longtemps qu´elle ne jouissait pas d´une nuit pareille et juste à ce moment-la elle se rendait compte de combien ça lui manquait. Bon, quelquefois être marquise a ses petits inconvénients, se dit-elle. Tout de même ce vilain coquin de Jean Damien devenu un cul-terreux irlandais était encore comme un ouragan dans un boudoir, ou mieux encore, comme une troupe de singes en chaleur. Elle rit à nouveau avec envie, sans prêter attention a sa conduite peu élégante, mais ce petit détail manquait d´importance. Ce qui avait une vraie importance, c´était que ses plans suivaient leur cours selon le cours prévu.
Étouffant un bâillement, elle se tordit à nouveau et pris la sonnette pour appeler la femme de chambre qui arriva seulement quelques minutes après.
Elle ouvrit la porte et fit une petite révérence.
-Bonjour madame la marquise. Vous avez bien dormi ?
Au moins, elle l´appelait madame la marquise, comme elle même lui avait ordonné de le faire. L´entendre lui donnait autant de plaisir que… bon… Oui, elle était madame la marquise, et quoi ? Ça ne faisait que démontrer qu´elle pouvait atteindre tout ce qu´elle se proposait.
-Alors vous avez bien dormi ? demanda la jeune fille avec un air moqueur, tandis qu´elle commençait à ramasser la robe de chambre déchirée et pensait que, comme prévu, sa maitresse avait passé une nuit très agitée.
-Comme un vrai poupon, Marie –répondit-elle en riant de sa réponse, mais elle était de bonne humeur et elle se trouvait radieuse et drôle.
La servante lui offrit une robe de chambre toute neuve qu´elle venait de sortir d´un tiroir.
-Est-ce que madame désire un bain? Je le lui prépare en un rien… Monsieur a pris le petit déjeuner bien tôt et vient de sortir dans son carrosse favori.
Alors, tant mieux pour lui s´il est parti de bon matin, pensa la dame sans prêter attention au bavardage de sa femme de chambre, occupée à donner toute sorte de détails sur la vie du marquis qui ne l’intéressaient pas du tout. Ni ses activités ni lui, puisqu´elle avait réussi à faire reconnaître son titre.
Elle se leva en faisant un grand effort, mis sa robe de chambre rouge feu ainsi que ses pantoufles ornées d´un pompon en plumes. Puis elle se dirigea vers sa coiffeuse devant laquelle elle releva sa chevelure noire comme du charbon qui arrivait jusqu´à la ceinture, une partie de son héritage espagnol. Magdalena Garcia, tel était son vrai nom. Oui, sa figure était aussi radieuse que son esprit. Elle avait déjà dit qu´il n´y a rien comme une bonne nuit de passion pour embellir une femme. Elle laissa échapper un soupir sans s’en rendre compte et jeta un coup d’œil à l’endroit où le collier avait été hier. Il n´y était plus bien sûr.
-Laisse. T´occupes pas du lit maintenant. Tu feras ça après quand tu auras plus de temps- ordonna-t-elle. Maintenait apporte-moi le plateau du petit déjeuner.
La servante laissa la chambre un instant pour apparaitre à nouveau avec le plateau qu’elle posa sur une petite table en marqueterie. Puis elle versa du café dans une petite tasse en porcelaine de Limoges.
-Maintenant va préparer mon bain, il faut voir si je peux me débarrasser de cette paresse.
Elle s´assis et pris la tasse. Comme elle commençait à se sentir bon appétit, elle mordit un morceau de brioche avec des raisins secs dedans
Non, le collier ne se trouvait pas à sa place, mais ç’était prévisible. Elle connaissait fort bien les faiblesses de Jean Damien du Ponterre et il avait démontré qu´il ne pouvait pas résister à une telle tentation. Elle avait gagné cette partie du jeu. Le collier, vraiment ,ça n´importait pas du tout puisque´elle en avait des tas, mais c’était la première étape de son plan.
Il avait été toujours un maître voleur, et dans sa bourse on pouvait trouver une quantité de coeurs féminins, le sien inclus, mais en ce temps-là, comme lui, elle n´était qu´une fille mais maintenant, ah!, elle avait appris comment contrôler ses sentiments, et spécialement, ceux amoureux. Elle soupira à nouveau en finissant le reste de la brioche et en buvant le reste du café.
«De putain à Madame la Marquise, C´est pas mal », se dit-elle en s´approchant à nouveau du lit. Puis elle mit sa main entre les dentelles d´un oreiller et en tira avec deux doigt une petite dague.
-Tu es malin mais je le suis encore plus. C’est pour ça que j´ai grimpé tandis que toi, tu es descendu.
Et ce qui lui plaisait encore plus, c´était que ce vieux gâteux de son mari avait été le coupable de la ruine de la famille qui habitait Belle Loire et son plus fier ennemi. Ah, les détours de la vie. Elle mit la dague dans le même tiroir que sa lingerie et s´allongea à nouveau très fière d’elle-même.
-Alors voilà la première partie de mon plan qui est accomplie… Tu m’as déçu une fois mais qui rira bien qui rira le dernier. Mais… qu’est-ce qui se passe avec ce bain, il n´est pas encore prêt, petite sotte- se plaignit- elle. C´est pour aujourd´hui ou pour demain, c’est clair?

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