mardi 13 janvier 2009

Isabel

Un cornet de glace

C´est un des plaisirs de la gourmandise.
Un luxe sensuel quand on introduit la pointe de la langue dans la montagne de crème froide et onctueuse. Et tout cela pour 3 euros ou moins.
L´été, une fois de plus, est arrivé. Les trottoirs crachent du feu, la sueur mouille les minuscules t-shirts. On ne peut pas avoir faim mais on ne dira jamais « non » à un tel délice.
Quand on est un enfant, c´est une fête ou la récompense de la sagesse : simple vanille, chocolat, fraise… Quand on grandit, c´est le plaisir pour le plaisir lui-même : Tiramisu, after-eight.
Il y a le cornet romantique en noir et blanc de la princesse et le journaliste américain à côté de la Fontaine de Trevi. Le cornet communautaire que l´on partage, ou le cornet en larmes que l´enfant laisse tomber sur ses vêtements, et dont on peut voir les restes collants autour de sa bouche.
Les établissements sont toujours petits mais blancs et lumineux comme un hôpital. L´hôpital d´urgence pour les dépressifs. L´attention et la vue se précipitent sur les caisses en acier pleines de couleurs pastel qui comprennent toute la diversité de l´arc-en-ciel, comme un échantillon dans un magasin de peintures, chacune plus attirante l´une que l ´autre, chacune avec sa petite carte de visite posée devant : « Monsieur Tutti-frutti » le galant italien, « Mademoiselle Straciatella » la belle demoiselle, « Monsieur raisins au rhum » le professeur sérieux.
Avec qui veut-on danser ? On a toujours du mal à se décider, mais il faut le faire : Une boule ou deux ? Un seul parfum? Plusieurs? Seul ou avec des « extras » ? Copeaux de chocolat ou amandes pilées ? Tout cela ne fait qu´augmenter le désir et puis notre décision est posée devant nous, remplie dans un cornet en gaufrette. On réagit comme le chien de l´expérience de Paulov. La petite cuillère en plastique sera bientôt méprisée après avoir accomplie son destin qui est contenir un peu le débordement afin de ne rien gaspiller. En oubliant les normes de la politesse, la langue est prête à lécher. Jouissance suprême : l´écume douce fond dans la bouche. Un cornet, on en profite lentement. Si on est un expert, petit à petit, on se retrouve à la fin avec le petit bout encore plein. Allez hop ! La fête est finie. Demain on trouvera maintes excuses pour s´en offrir une autre.

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